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Yves Lacombe

Y’a-t-il un scénariste dans la salle ?

16 avril 2013
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Sylvie Lussier

Mais qu’est-ce qui vous prend, collègues scénaristes, d’écrire des scénarios de films poches qui n’intéressent personne et qui nuisent à la vente des combos nachos/boisson gazeuse ?

Vous n’avez pas honte de dépenser les deniers publics de cette façon ? De plomber nos belles statistiques ? La crise est la faute de vos scénarios trop faibles. Ça a été dit et écrit. Une crise analysée et jugée dans des instances où on ne nous a pas invités. Mais bon, les absents ont toujours tort et c’est tant pis pour nous.

Quoi ? Ah, vous jouissez d’un beau succès d’estime dans les festivals étrangers. Bravo ! Mais ce n’est pas ça qui fait vendre du popcorn. Et en plus, ça coûte cher vous envoyer courir la galipotte à Berlin, Venise ou Hollywood. Bien sûr, il faut que vous soyez aussi réalisateur pour accompagner votre œuvre. Si en plus d’écrire des histoires qui n’intéressent que deux tondus et trois pelés vous n’êtes pas fichus de les réaliser, restez chez vous dans vos chandails mous et vos joggings informes. Vous n’êtes pas présentables.

Quoi encore ? Ce n’est pas vous qui détenez le pouvoir d’investir ou non dans un scénario et d’en faire un film ? Oui bon, peut-être. Mais si il y avait plus de bons scénarios parmi lesquels choisir, on n’en serait pas là. D’ailleurs, vous ne les travaillez pas assez vos scénarios. Ils ne sont pas « aboutis ». Et ne venez pas vous plaindre que l’aide directe à la scénarisation est de plus en plus rare de même que les sommes investies en développement.Vous ne voulez tout de même pas être payés en plus pour tout le temps que vous passez à écrire et à ré-écrire?  Si vous étiez meilleurs du premier coup, ça n’arriverait pas.

Quoi les interventions au scénario ? Vous n’allez pas me faire le coup des multiples interventions qui dénaturent votre soi-disant œuvre de génie ! C’est trop facile. Les seuls incompétents, c’est nous. Tous les autres savent ce qu’ils font. Ils l’ont dit !

Qu’est-ce qui est illogique ? Qu’on exige des scénarios plus travaillés mais qu’après trois fois, vous n’ayez plus le droit de les présenter aux instances décisionnelles ? Vous êtes des artistes. N’essayez pas de comprendre la logique.

Oups ! Désolée ! Il semble que finalement, il n’y ait pas de crise du cinéma québécois. Qu’une fluctuation circonstancielle dont il ne faut pas s’inquiéter outre mesure. Une tempête dans un verre d’eau. Ça me rassure.

Retournons donc à nos claviers. Avec nos chandails mous, nos pantalons informes. Pas sortables, pas montrables, le dos large, la couenne dure. Pour pondre avec nos tripes des scénarios qui sont la pierre angulaire de notre cinématographie mais qu’on s’empressera d’écharper à la prochaine crise, vraie ou fausse.

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